A partir de ce mercredi 12 avril, la saison des assemblées générales (AG) des entreprises du CAC 40 va battre son plein. Ces grands-messes de présentation et d’approbation des comptes de l’exercice écoulé (en l’occurrence celui de l’année 2016), qui réunissent une fois l’an une moyenne de 900 à 1 000 actionnaires individuels et institutionnels dans de grands auditoriums de la capitale pour l’essentiel, vont s’étaler jusqu’à la mi-juin, à un rythme plus ou moins soutenu suivant les semaines.
Véritables lieux d’expression de la démocratie actionnariale, les AG sont pour une vingtaine de grands groupes du CAC 40, comme pour certaines entreprises du Next 20 et du SBF 120, attachées à une présence forte ou du moins significative d’un actionnariat individuel à leur capital, un rendez-vous d’importance pour mesurer, entretenir voire développer l’affectio societatis et la fibre actionnariale en leur sein. Les AG constituent un temps fort de la communication financière des entreprises cotées et sont préparées avec un soin particulier et une exigence toujours plus grande. D’autant que bon an mal an, elles sont fréquemment le théâtre de passes d’armes homériques entre le management et des actionnaires fermement décidés à demander des comptes à leurs dirigeants, à crier haut et fort leur mécontentement, leur insatisfaction ou leur désapprobation.
Pour les actionnaires activistes, ces minoritaires à la capacité d’influence décuplée par la sur-médiatisation de l’information et ses possibilités de circulation planétaire et instantanée, dont la démarche et l’objectif consistent à peser de tout leur poids sur la gouvernance, la stratégie, la création de valeur et son partage, les assemblées générales annuelles sont aussi devenues de formidables caisses de résonance pour mener le combat et croiser le fer. A ce titre, le 15 juin prochain, l’AG de l’équipementier aéronautique Safran qui voit son mariage avec Zodiac, un autre équipementier du secteur, contesté par le très redouté The Children Investment Fund Management (TCI), pourrait bien en être une nouvelle illustration parfaite.
En attendant, nous vous proposons 10 clés de lecture pour comprendre et cerner les enjeux des AG du CAC 40 de la saison 2017 qui commence :
- 1. C’est le géant franco-allemand de la construction aéronautique Airbus qui, ce 12 avril, donne le coup d’envoi de la saison. Une AG délocalisée à Amsterdam, lieu du siège social européen du groupe. Et c’est le géant de la grande distribution Carrefour qui la clôturera le 15 juin ;
- 2. Ils sont 37 groupes sur les 40 qui constituent les fleurons de l’indice phare de la bourse de Paris à tenir en réalité leur AG entre la mi-avril et la mi-juin ;
- 3. Sur les 13 grands groupes qui réunissent leurs actionnaires en ce mois d’avril, on dénombre 8 assemblées (Schneider, Unibail Rodamco, Vivendi, Axa, Valeo, Bouygues, Danone et Kering) regroupées sur trois journées entre les 25, 26 et 27 avril ;
- 4. En mai, c’est la journée du jeudi 4 qui concentrera à elle seule pas moins de 4 réunions (avec Arcelor Mittal, PSA, Sanofi et Cap Gemini) des 19 plus ou moins réparties sur le mois ;
- 5. Sur un total de 563, les administrateurs des sociétés du CAC 40 sont cette année 162 (soit 29%) à remettre en jeu leur mandat arrivé à échéance. Et parmi eux, on dénombre 5 administrateurs qui occupent par ailleurs la fonction suprême de Président-directeur général de leur groupe, 7 qui occupent quant à eux la fonction de Président non exécutif au sein du conseil d’administration ou de surveillance, et 4 qui sont des administrateurs dits référents.
- 6. Avec un total de 8 administrateurs, Essilor est réputé avoir le conseil d’administration le plus resserré parmi les groupes du CAC 40 et avec un total de 18 celui de Crédit Agricole SA est considéré comme le plus étoffé ;
- 7. A 74 ans et après 30 années passées aux commandes du groupe, Maurice Levy, le très emblématique patron de Publicis, tire sa révérence le 31 mai pour passer la main à son jeune successeur (45 ans) Arthur Sadoun ;
- 8. Les actionnaires individuels étaient 1 500 en moyenne à se rendre aux AG des sociétés du CAC 40 en 2005, ils n’étaient plus que 911 l’an dernier ;
- 9. Les 5 AG les plus fréquentées par les actionnaires l’an dernier ont été celles d’Air Liquide (3 800 participants), Total (3 200), L’Oréal (1 800), BNP Paribas (1 590) et LVMH (1 421) ;
- 10. Devenu le thème central des AG à la faveur de l’introduction du « Say on Pay », ce vote consultatif des actionnaires, la rémunération des dirigeants va cette année encore cristalliser des passions dans des AG, comme ce fut le cas l’an dernier avec celle du constructeur automobile Renault. Mais les questions des rémunérations prendront une tournure encore plus aigue en 2018 avec l’introduction d’un vote non plus consultatif mais contraignant. Une bonne raison pour se mettre dans des standards de bonnes pratiques salariales dès maintenant.
Bruno Segré brunosegre@bscs.fr